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Penser un monde sans frontières en réhabilitant nos utopies

Alix Buron
Chargée de projets à la FUCID

Comment penser le monde lorsque chaque jour annonce son lot de mauvaises nouvelles, dignes des plus grandes dystopies ? Dérèglements climatiques, virus qui s’étendent à l’échelle mondiale, méga-corporations dirigées par des milliardaires mégalomanes, sociétés qui se replient sur elles-mêmes et se cachent derrière des murs… le monde semble parfois toucher à la science-fiction. Et la science-fiction extrapole sans cesse sur ces tendances pour nous fournir des visions du monde encore plus catastrophistes. Comment sortir alors de cette spirale négative ? Comment imaginer des droits universels quand ceux-ci sont déjà si souvent bafoués ? Ou inventer une nouvelle forme de citoyenneté, plus inclusive et égalitaire, quand notre imaginaire se réduit toujours plus au décompte des morts dans la Méditerranée et au racisme systémique ? En réhabilitant les utopies. Tour d’horizon de ces livres et films qui décloisonnent les possibles.

Si la chute du mur de Berlin, l’explosion de la mondialisation et des nouvelles technologies créant un monde de plus en plus connecté ont pu donner l’impression qu’un monde sans frontières était en train de se dessiner, force est de constater qu’elles ont plutôt tendance à se multiplier, se figer, se murer. Alors que, au sortir de la guerre froide, 19 murs fissuraient la surface du globe, la chercheuse Elisabeth Vallet en dénombre désormais 66 (Hervieu-Léger, 2018) : de la célèbre barrière américaine contre la migration venue d’Amérique latine aux 1000 km de barbelés autour de l’espace Schengen, en passant par le mur de béton israélien de neuf mètres isolant le territoire palestinien… l’utopie de libre circulation semble loin.

Aujourd’hui, dans l’imaginaire de la science-fiction – le genre littéraire et cinématographique par excellence qui pense le futur – le traitement des frontières renvoie généralement à deux imaginaires : d’un côté, un univers galactique où les frontières ne sont plus nationales mais planétaires, et donc les conflits (et colonisations) interespaces, ambiance guerre des étoiles ; de l’autre, un monde apocalyptique, avec des mouvements massifs de population, des communautés qui se cachent derrière des murs pour conserver leurs privilèges ou encore des survivants qui errent sur une planète dévastée dans des conditions de vie proches de celle d’un clandestin contemporain. Dans ces deux univers, nous retrouvons également de nombreuses histoires d’invasions de zombies ou d’aliens, dont le parallèle avec la peur des personnes immigrées est souvent très clair. Des récits dystopiques qui se concentrent de plus en plus sur des histoires de survie individuelle, sans questionnement politique radical sur ce qui a pu mener à ce monde cauchemardesque – ou comment s’en extirper.

D’où la question essentielle soulevée par la docteure en philosophie politique Alice Carabédian : « L’avertissement fonctionne-t-il encore ou sommes-nous au contraire en train de nous habituer à des images d’avenirs épouvantables et aliénants ? » (2022, p.68). Ces futurs ferment-ils nos horizons au point de nous donner l’impression qu’il n’y a plus rien à faire et que, pour le moment, nous ne sommes pas si mal loti·e·s ?

Dans un monde qui se rapproche de plus en plus des visions dystopiques passées, l’autrice de Utopie Radicale le martèle : il est plus que temps de réhabiliter les utopies. Les vraies. Pas des utopies qui se sclérosent ou pèchent par naïveté, devenant donc des dystopies. Pas des utopies « concrètes » qui créent des petits îlots alternatifs, en tout cas pas seulement : car si l’urgence est à l’action concrète, elle est aussi à l’élaboration d’imaginaires radicalement différents. « Agir pour d’autres futurs mais imaginer d’autres avenirs. Et un jour, ces avenirs seront peut-être nos futurs, mais ce n’est pas là ni leur rôle ni leur valeur. Pour penser des possibles, il faut d’abord penser les impossibles » (Idem, pp.82-83).

Entre utopies hollywoodiennes et comédies romantiques

Le problème est que, lorsqu’une œuvre de fiction dépeint un futur optimiste, un monde sans frontières où les sociétés sont multiculturelles et l’égalité totale (souvent sous l’égide d’une sorte de gouvernement mondial), les frictions passées et la façon dont elles ont pu s’apaiser sont souvent tues. Ces œuvres offrent donc peu de réflexions critiques sur les questions de mobilité ou d’interculturalité[1]Il n’empêche que certaines œuvres ont pu faire bouger les lignes. Dans Star Trek, qui présente une société égalitaire sous l’égide d’une Fédération de Planètes Unies, l’équipage était composé d’un Russe, d’un Japonais, d’une Afro-américaine, d’un Écossais et d’un … Continuer de lire. Pour Daniel Bonvoisin, responsable Éducation Permanente chez Média Animation, la science-fiction est ainsi souvent plus intéressante sur ce qu’elle dit du colonialisme : comme dans Avatar, qui épouse le point de vue de la résistance à la colonisation. Ou dans ces quelques œuvres qui renversent les clichés habituels du space opera[2]Œuvres de science-fiction caractérisées par des voyages dans l’espace, souvent des combats entre différents empires galactiques. Star Wars, Dune, Galactica,… font partie des classiques du genre. sexiste et conquérant en suivant des vaisseaux qui n’essayent pas de coloniser les différentes planètes, mais qui voyagent pour rencontrer ses populations ou étudier sa faune et flore (comme dans Star Trek, le Cycle de la Culture de Iain Banks, ou Apprendre si par bonheur de Becky Chambers). Ce qui, cette fois, pose des questions sur le privilège de celui qui peut voyager et la tendance à exotiser l’autre… Car on y attend surtout un dépaysement, pas une réflexion critique.

Premier Contact (Arrival) est ainsi l’un des rares films qui adresse la façon dont on gère l’interculturalité interspaciale malgré des gouvernements divisés, un thème récurrent dans la science-fiction (et qui finit souvent par un « sauvetage » militaire des États-Unis). Dans Premier Contact, la rencontre avec l’alien se passe bien. Plus encore, l’effort pour comprendre sa langue et sa culture transforme diamétralement la façon d’appréhender le monde de Louise Banks, linguiste chargée de comprendre ces extraterrestres. Un type de rencontre positive que l’on retrouve plus généralement dans… le genre de la comédie romantique.

L’une des premières comédies romantiques représentant un couple mixte, Devine qui vient dîner ce soir (1967), suit ainsi l’une histoire d’amour et de mariage entre une femme blanche et un homme noir aux États-Unis, quelques mois seulement après la légalisation totale du mariage interracial dans le pays[3]Le film a par la suite été critiqué notamment pour son côté moralisateur et ses personnages très lisses, trop parfaits. Le film Get Out, de Jordan Peel, est le pendant horrifique de ce type de films dans lesquels le couple mixte et leur famille se rencontrent (The Take, 2021).. Depuis, de nombreux autres films sont sortis sur le thème de l’amour ou de l’amitié entre personnes d’origines et de cultures différentes. « C’est là où il y a de l’utopie : quand on se rend compte que les frontières sont des structures subjectives, et que c’est possible de s’entendre ou de s’aimer » (Daniel Bonvoisin). Les comédies romantiques qui mettent en valeur des relations interethniques permettent ainsi de créer un espace ténu et fragile où un autre monde est possible, où plusieurs cultures peuvent coexister en paix et s’enrichir mutuellement. Plus que cela, le film Loving de Jeff Nichols montre que l’utopie amoureuse peut percoler dans la société, à travers l’histoire vraie du couple mixte américain qui s’est battu pour abroger la loi interdisant les mariages interraciaux.

Malheureusement, beaucoup de ces films s’avèrent naïfs, ont du mal à montrer que les personnages sont les relais de structures sociales, que le racisme n’est pas qu’individuel mais surtout structurel. Une carence certainement liée à l’accès encore difficile au monde d’Hollywood pour les voix les plus minorisées.

Penser l’utopie post-occidentale…

Pour l’instant, les utopies interculturelles semblent donc plutôt se trouver dans les marges : dans des personnages qui s’opposent à un monde injuste, des révolutionnaires, ou dans des espaces de rencontre, des portes dérobées… Il existe pourtant un mouvement qui permet de sortir de ces espaces cloisonnés et d’explorer de nouveaux territoires : le futurisme africain.

Le futurisme africain est un mouvement artistique interdisciplinaire qui englobe une myriade de noms, définitions et conceptions différentes[4]Le terme le plus employé est celui d’afrofuturisme, courant né aux États-Unis via la diaspora afro-descendante. Des artistes africain·e·s ne s’y identifient cependant pas, comme l’autrice Nnedi Okarafor qui préfère parler d’africanfuturism (Doucouré, 2021). Nous emploierons ici le … Continuer de lire, mais dont l’esprit est de s’enraciner dans les points de vue africains (et/ou afro-descendants) pour présenter une vision désoccidentalisée de la science-fiction. Ce mouvement « ouvre un monde aux possibilités infinies qui permet de créer sa propre narration et interprétation dans un espace complètement libre et affranchi des barrières que l’on retrouve dans nos sociétés » (Doucouré, 2021), tels que le racisme endémique ou une vision catastrophique du continent africain, bien souvent vu sous l’angle de ses manques et déficits. Une idée qui peut être éminemment politique et émancipatrice : car il s’agit de penser le futur en dehors de l’Occident, de ses modèles de développement et de son capitalisme ravageur. « L’Afrique n’a personne à rattraper », martèle ainsi l’écrivain, économiste et musicien sénégalais Felwinne Sarr dans son essai Afrotopia : il serait en effet temps que le continent cesse d’évoluer avec les critères économiques imposés par l’Occident, pour offrir au monde l’inspiration nécessaire afin d’inventer un nouveau type de modernité.

Les œuvres du futurisme africain sont très diverses. Dans l’univers de la fiction, les auteur·trice·s explorent entre autres des mondes à l’envers (Aux Etats-Unis d’Afrique d’Abdourahman Waberi imagine un continent africain prospère indifférent face au sort des réfugié·e·s européen·ne·s), des Afriques post-apocalyptiques (Qui a peur de la mort de Nnedi Okarafor), des voyages dans le temps (Kindred d’Octavia E. Bulter) ou encore des territoires qui n’auraient jamais été colonisés, comme dans Black Panther. Ce blockbuster sorti en 2018 montre en effet un royaume africain qui n’a jamais été envahi, capable de dominer le monde grâce à sa technologie avancée, mêlant une esthétique futuriste et traditionnelle. Une façon de renverser l’image d’une Afrique primitive et déconstruire les dichotomies entre tradition et modernité, science et superstition. Ce film a cependant également été critiqué pour son côté dépolitisé et marketing. De plus, comme l’a soulevé Léonora Miano : « Moi je n’ai pas envie d’imaginer que l’Afrique n’a pas été colonisée, qu’elle n’a pas connu les déportations transatlantiques ni les traites transsahariennes. L’Afrique existe précisément sous le nom “Afrique” parce que ces événements ont eu lieu. Je n’ai pas envie de fuir mon histoire, ce qui m’intéresse surtout aujourd’hui, c’est voir ce que je peux en faire » (2019, citée par Lagarde).

Cette penseuse camerounaise installée en France s’est plongée dans cette expérimentation du futur à de multiples reprises, comme dans son essai Afropea ou son roman Rouge Impératrice. Ce dernier prend place dans le contexte d’un État fédéral subsaharien prospère du 22ème siècle – Katopia – en cours d’unification, mais aussi en pleine révolution culturelle pour s’émanciper de toute domination occidentale (en réinventant la langue, en retissant les liens avec son histoire, ses cultures et rites adaptés à une perspective contemporaine). Cela passe notamment, dans ce roman, par un isolement et un protectionnisme quasi intégral pour pouvoir développer ses propres dynamiques : un monde sans propriété terrienne, par exemple. Mais Léonora Miano va encore plus loin en présentant la situation d’une minorité blanche et précaire au sein de ce nouvel État, qui voit sa place de domination bousculée. Elle interroge ainsi, en miroir, la question de l’identité européenne, dans le prolongement de son essai Afropea : par exemple, pourquoi les régions françaises d’outre-mer ne sont-elles pas inclues dans l’identité française ? Pourquoi la diaspora subsaharienne est-elle reléguée hors de l’identité nationale, alors que, à travers la colonisation, la France a infiltré leur histoire, économie et culture – et transformé la sienne en retour ?

… et déconstruire les identités

En creux, se développe l’idée d’une vision de l’identité plurielle, où l’étranger ne doit pas se fondre dans une culture qui lui est imposée, mais où peut se développer une relation qui crée une nouvelle culture. Un processus que l’on retrouve particulièrement dans les sociétés caribéennes, comme l’explique Michael Roch, un des rares écrivains de langue française qui se revendique du courant afropéen : « toutes les cultures du monde se sont rencontrées sur le territoire caribéen, que ce soit l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du sud ou encore l’Asie plus tard (quand il a fallu faire venir de la main d’œuvre à bas prix, après les abolitions) mais aussi le Proche Orient, puis l’Afrique à nouveau… La culture caribéenne est un agglomérat dont l’identité s’est forgée de manière imprévisible par la rencontre de toutes ces cultures, et l’afrofuturisme caribéen, pour moi, ne peut s’asseoir que sur cet héritage de transculturalité, qu’il faut faire vivre dans la littérature » (2022, cité par Cohen).

Un héritage que l’auteur perpétue notamment à travers l’usage de différentes langues créoles[5]Langue créée via le contact d’une langue européenne et d’une langue indigène durant la colonisation. au sein de son roman futuriste Tè Mawon. L’action se déroule à Lanvil, une mégalopole ultra technologique ayant fédéré les États caribéens, devenue terre d’accueil pour de nombreux migrants du monde – dont des Européen·ne·s fuyant la crise sévissant sur leur continent. À Lanvil, tout le monde peut parler sa langue. Les cultures, histoires et points de vue peuvent évoluer côte-à-côte, sans être écrasés par le rouleau compresseur de la mondialisation, qui a plutôt tendance à uniformiser et occidentaliser le monde. En cela, Michael Roch suit la filiation d’Aimé Césaire ou d’Édouard Glissant, romancier, philosophe et poète martiniquais qui a notamment développé le concept d’identité-relation. C’est-à-dire l’idée d’une identité en rhizomes[6]Tige souterraine porteuse de racines et tiges qui permet à certaines plantes de se multiplier. L’idée est celle d’une structure qui ne cesse d’évoluer, dans toutes les directions, sans centre ou hiérarchie, contrairement à l’arborescence d’un arbre, par exemple, avec le tronc en haut … Continuer de lire, fondée sur le métissage, façonnée par les rencontres, en opposition à une identité qui n’aurait qu’une racine unique, comme aime le penser la généalogie européenne (François Noudelmann cité par Bousenna, 2022, p.136). « Ce ‘‘processus inarrêtable, qui mêle la matière du monde’’ n’entend pas nier les identités, mais exprimer les points de rencontre où peuvent s’imaginer des mélanges qui résistent à l’autre modèle. Celui d’une globalisation uniformisant » (Idem, p.144).

C’est par ce chemin que l’on pourra déboulonner ce que Felwine Sarr appelle l’imaginaire de l’appartenance, c’est-à-dire la tendance à réduire quelqu’un à son passeport, sa géographie. Un imaginaire qui a aussi des répercutions très concrètes : car il est capable de justifier le fait que deux citoyens n’aient pas accès aux mêmes droits selon leur lieu de naissance. Bien plus que des frontières entre États, cette vision de l’identité « en racine unique » crée des frontières au sein même des pays entre le « national de souche » et « l’étranger », entre le bon immigré et le mauvais, entretenant des discriminations. Un idéal de monde sans frontières doit donc aller bien plus loin que la libre-circulation entre États : « On ne pourra pas résoudre la question de comment habiter le monde uniquement par des traités, des lois sur les frontières ; pas plus qu’en défrontiérisant le monde. Cela se résoudra aussi dans l’espace de l’imaginaire, en travaillant à ce que les individus puissent avoir un imaginaire-monde et se sentent appartenir à une communauté beaucoup plus large que leur ethnie, leur langue, leur religion d’origine, etc. » (Felwine Sarr cité par Kaplan, 2020).

Il s’agit bien de l’une des ambitions de ces utopies non alignées, qui débusquent les possibles dans le présent, en cherchant sans cesse la pluralité des points de vue pour penser un futur collectif désirable, à constamment réactualiser[7]Dans son essai, Alice Carabédian insiste sur le fait qu’une utopie doit se réinventer. Il n’y a pas de recette toute faite. D’ailleurs, Katopia n’est pas un univers parfait : l’autrice montre les difficultés et les tensions au sein du projet utopique. Dans Tè Mawon, si Langevil a pu … Continuer de lire. Le futurisme africain, notamment, a le potentiel nécessaire pour décentrer notre regard et lutter contre l’uniformatisation du monde. C’est ainsi qu’une utopie peut devenir un véritable outil politique : en décolonisant notre regard et en dépassant les frontières de tout ordre.

Références

Références
1 Il n’empêche que certaines œuvres ont pu faire bouger les lignes. Dans Star Trek, qui présente une société égalitaire sous l’égide d’une Fédération de Planètes Unies, l’équipage était composé d’un Russe, d’un Japonais, d’une Afro-américaine, d’un Écossais et d’un extraterrestre en pleine guerre froide. Cette série porta aussi à l’écran un des premiers baisers interethniques (entre un homme blanc et une femme noire) de l’histoire du cinéma américain, seulement quatre ans après la fin officielle de la ségrégation raciale aux États-Unis.
2 Œuvres de science-fiction caractérisées par des voyages dans l’espace, souvent des combats entre différents empires galactiques. Star Wars, Dune, Galactica,… font partie des classiques du genre.
3 Le film a par la suite été critiqué notamment pour son côté moralisateur et ses personnages très lisses, trop parfaits. Le film Get Out, de Jordan Peel, est le pendant horrifique de ce type de films dans lesquels le couple mixte et leur famille se rencontrent (The Take, 2021).
4 Le terme le plus employé est celui d’afrofuturisme, courant né aux États-Unis via la diaspora afro-descendante. Des artistes africain·e·s ne s’y identifient cependant pas, comme l’autrice Nnedi Okarafor qui préfère parler d’africanfuturism (Doucouré, 2021). Nous emploierons ici le terme de futurisme africain.
5 Langue créée via le contact d’une langue européenne et d’une langue indigène durant la colonisation.
6 Tige souterraine porteuse de racines et tiges qui permet à certaines plantes de se multiplier. L’idée est celle d’une structure qui ne cesse d’évoluer, dans toutes les directions, sans centre ou hiérarchie, contrairement à l’arborescence d’un arbre, par exemple, avec le tronc en haut et les racines en bas.
7 Dans son essai, Alice Carabédian insiste sur le fait qu’une utopie doit se réinventer. Il n’y a pas de recette toute faite. D’ailleurs, Katopia n’est pas un univers parfait : l’autrice montre les difficultés et les tensions au sein du projet utopique. Dans Tè Mawon, si Langevil a pu abolir la discrimination raciale, ce n’est pas le cas des problèmes de classe. Un autre exemple encore : Les Dépossédés d’Ursula Le Guin montre bien la difficulté de maintenir une utopie dans une cité fondée par des anarchistes égalitaires.

Bibliographie
  • Entretien avec Daniel Bonvoisin, responsable Éducation Permanente chez Média Animation, le 15 février 2023.
  • Entretien avec Mathias Echenay, éditeur pour les éditions La Volte, le 16 février 2023.
  • Entretien avec Justice Feyereisen, docteure en littérature, le 22 février 2023.
  • Bousenna Youness, 2022, « Agir dans son lieu, penser avec le monde. François Noudelmann » in Socialter : Comment nous pourrions vivre, pp.133-137.
  • Carabédian Alice, 2022, « Utopie radicale. Par-delà l’imaginaire des cabanes et des ruines », Paris : Seuil.
  • Cohen Eva, 10 mai 2022, « L’afrofuturisme, c’est raconter des histoires dingues avec des personnes noires totalement libres », Usbek&Rica, https://usbeketrica.com/fr/article/l-afrofuturisme-c-est-raconter-des-histoires-dingues-avec-des-personnes-noires-totalement-emancipees/
  • Doucouré Aïssatou, 2021, « L’Afrofuturisme : un outil de pouvoir et de réinvention pour l’Afrique », ESMA- Paris 1, https://esmaparis1.com/2021/05/20/lafrofuturisme-un-outil-de-pouvoir-et-de-reinvention-pour-lafrique/
  • Hervieu-Léger Benoît, 24 juin 2018, « Et si on supprimait toutes les frontières ? », Usbek&Rica, https://usbeketrica.com/fr/article/et-si-on-supprimait-toutes-les-frontieres
  • Kaplan Daniel, 2020, « Felwine Sarr. Bâtir l’Afrotopia ! », dans Socialter : le réveil des Imaginaires, pp.66-69
  • Lagarde Yann, 6 septembre 2019, « L'afrofuturisme, une esthétique de l'émancipation », France Culture, https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-afrofuturisme-une-esthetique-de-l-emancipation-5644687
  • Sarr Felwine, 2016, « Afrotopia », Paris : Philippe Rey.
  • The Take, 2021, « The Interracial Romance Onscreen”, https://www.youtube.com/watch?v=SzArb_cujSg

L'analyse en PDF

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