ÉTUDE- L’éducation permanente en lutte contre le racisme et la colonialité en Belgique francophone ?

L’histoire coloniale belge est loin de se conjuguer uniquement au passé. Discriminations, débats autour de l’Africa Museum ou des statues coloniales dans l’espace public… L’actualité entourant la mort de George Floyd a elle aussi fait rejaillir la nécessité du combat antiraciste partout dans le monde. Cela dit, les Afrodescendant·e·s belges n’ont pas attendu d’hypothétiques excuses pour la période coloniale et des promesses de politiques concrètes pour organiser les formes de lutte à plusieurs niveaux et à travers de multiples enjeux ! Aujourd’hui en Belgique, le militantisme, l’activisme et les pensées décoloniales se font de plus en plus visibles et n’ont cessé de conscientiser avec une détermination à toutes épreuves. Dans cette étude passionnante, Axel Mudahemuka C. Gossiaux, doctorant au sein du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations, revient sur l’histoire coloniale belge, l’émergence du Black Lives Matter, ainsi qu’une série d’initiatives décoloniales, et interroge : décolonisations et éducation permanente sont-ils vecteurs de démocratie culturelle ?

Frédéric Lubansu : théâtre et désaliénation des imaginaires

Frédéric Lubansu est un artiste, plasticien, comédien et metteur en scène d’origine belgo-congolaise. Très actif dans le monde du théâtre et du cinéma en Belgique et en France, il s’attache à questionner la place des Afro-descendant·e·s dans nos sociétés contemporaines. Le théâtre, lieu où subsistent malheureusement encore des discriminations à l’égard des personnes noires, est cependant également, pour Frédéric Lubansu, un outil de désaliénation puissant et un moyen de renforcer le dialogue interculturel. Propos recueillis par Antoine Stasse, chargé de projet à la FUCID.

Faire de l’éducation permanente « universitaire » ?

« Faire de l’éducation permanente « universitaire » ». Voilà une assertion qui s’apparente à de la provocation ! L’éducation permanente et l’enseignement universitaire semblent en effet bien différents : d’un côté, un apprentissage s’appuyant sur l’expérience vécue, en partie déterminée par des rapports de domination, d’un public « populaire » ; de l’autre, une éducation avant tout basée sur la transmission d’une connaissance savante par des experts, à un public destiné à devenir l’« élite » de la société. Pourtant, en s’engageant dans des projets d’éducation permanente, la FUCID a la conviction que faire de l’éducation permanente et populaire sans trahir ni le projet d’éducation permanente ni la spécificité universitaire de l’ONG n’est pas une gageure, mais un beau défi : celui de faire, comme l’appelle Stéphane Leyens, directeur de la FUCID, dans cette analyse, de l’éducation permanente « universitaire »…

Éducation populaire/permanente et ONG universitaire : un pari osé ?

La démarche d’éducation permanente et populaire est transversale à tout projet proposé par la FUCID. En tant qu’ONG universitaire, la tâche peut sembler ardue tant « universitaire » et « éducation permanente et populaire » semblent, à priori, difficilement conciliables. Pourtant, il est possible de tisser des liens entre ces « vieux ennemis » afin de continuer à s’interroger sur le sens de nos actions. A travers cette analyse, Sarah Beaulieu, chargée de projet d’éducation permanente à la FUCID, s’arme ainsi de grilles de lecture (notamment les Modes de Travail Pédagogiques de Marcel Lesne) afin de mieux comprendre comment faire évoluer les pratiques et perspectives pour un meilleur dialogue entre éducation permanente et éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire au sein d’une structure universitaire.

Échange de savoirs entre monde académique et communautés marginalisées. Une expérience au Sud inspirante pour le Nord

S’il est largement acquis que la connaissance scientifique peut contribuer à l’élaboration d’un monde meilleur – pensons, pour l’exemple, à la gestion d’une crise sanitaire – l’intérêt sociétal des savoirs « populaires », ou savoir non-savant, est souvent considéré comme moins évident pour des citoyen·ne·s pétri·e·s de culture scientifique. Or, la valeur que constitue la pluralité des savoirs ne peut être ignorée. La FUCID, qui entend jouer un rôle important dans l’ouverture de la communauté universitaire à la diversité des savoirs, doit donc se nourrir d’expériences d’échange de savoirs entre monde universitaire et communautés marginalisées. Cette analyse de Stéphane Leyens, directeur de la FUCID, rend ainsi compte d’une expérience de ce type qui s’articule à un projet de recherche-action aux Philippines.

Pas de transition sans co-construction et mise en commun de savoirs pluriels : le cas dans l’agriculture

Dans la foulée de ses réflexions et actions autour de « la transition juste », la FUCID, en partenariat avec l’Institut Transitions de l’UNamur, propose, au départ des propositions d’un groupe de base de travail, des espaces d’échange d’expériences, de parole et de réflexion aux citoyen·ne·s. Ces espaces sont notamment proposés sous la forme « d’ateliers-débats » et de « cafés philo », en soirée, afin de permettre plus facilement à tout·e un·e chacun·e d’y participer. La question qui nous préoccupe ce soir de novembre : « Quels modèles de transition pour notre agriculture ? ». Cette analyse, en plus d’explorer les différentes réflexions soulevées par les participant·e·s sur les modèles d’agriculture durable, interroge : comment donc explorer la dimension collective de la parole en tissant ensemble les fils de réflexion qui nous soient réellement communs et effectivement co-construits ?